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14 décembre 2008 7 14 /12 /décembre /2008 08:00


< dans les Hautes-Vosges cristallines moyennes … >



Mon exaltation est à son paroxysme, je pense depuis la veille à cette neige toute fraîche tombée abondamment sur les sommets vosgiens, ayant radicalement transformé la physionomie d’ensemble du massif.

Et cette journée s’annonce particulièrement merveilleuse, même si l’ensoleillement n’est pas grandement au rendez-vous, car il s’agit d’un partage patiemment attendu qui va enfin se concrétiser en attisant une passion commune, celle de l’observation naturaliste, faune invisible trahie par ses empreintes, cirques glaciaires majestueux, précoces sensations hivernales.

L’aube naissante fait jaillir une lumière orangée à travers un ciel encombré de nuages, la déposant horizontalement sur des pentes boisées entrecoupées de larges bandes neigeuses vierges de toute végétation, ratissées et ornées de nombreux poteaux métalliques.


     Le premier éclat du soleil transperce un tronc de sapin argenté


Nous remontons vers la grande crête sans remontée mécanique, remontés que nous sommes par l’appel des grands espaces vosgiens.


     Nuages, longue éclaircie jaune-orangée, mer de brume, reliefs boisés, et lac niché dans du mystère


Le vent lance ses premières rafales sur la poudreuse, mais faiblement, comme pour mieux nous accueillir dans son monde de prédilection, les hautes-chaumes naturelles si précieuses.


     Un grand écran grisâtre tente d'étouffer la première lumière, les sapins en sont témoins


L’entrée de cette lande devenue nordique trahit déjà la présence d’une piste de petit mammifère, la voie est bien marquée, les empreintes étant peu profondes dans une neige bien compactée.


     Un renard ? Les griffes sont en tout cas bien visibles


Le plaisir de suivre ces traces est presque aussi fort que celui d’apercevoir l’animal, on l’imagine progressant d’un pas rapide, ses sens bien aiguisés au moindre danger.

L’hiver donne l’impression de territoires immenses, effaçant les axes de pénétrations humains, si nombreux dans les Vosges. Le lynx nous observe peut-être, caché dans la lisière forestière, prêt à repartir vers d’autres lieux.


     Les effets de l'anémomorphose hivernale temporaire, les sapins croulent sous le vent et la neige


Une rupture de pente pour un grand plongeon dans un des plus beaux cirques glaciaires des Hautes-Vosges, l’aspect alpestre est nettement plus accentué par la présence de corniches neigeuses.

Sous l’impact des raquettes dans la descente, des perles de neige roulent en déferlante sur le sol blanc immaculé, ridant sa surface inviolée.


     Grand paysage hivernal vosgien au coeur des Hautes-Vosges


     Dans le fond du cirque glaciaire, un décor majestueux


     L'eau libre du lac focalise les rayons lumineux du soleil


Petite pause déjeuner le long d’un mur de pierre d’une habitation isolée qui semble réussir à capter le peu de chaleur émise par un astre solaire légèrement voilé.


     Tout est figé autour de cette ferme auberge en totale inactivité 


     Mon sac, mon porte-carte, et mes raquettes à neige (il manque le logo sur celle de droite)


Le moment est délicieux, au fond du cirque, pas la moindre silhouette humaine aux alentours.


     Des cernes de glace en équilibre sur l'arête granitique d'un gros bloc


     La vie est-elle toujours possible dans cette soudaine déferlante neigeuse ?


     Un brin de ciel bleu fait varier les tonalités des couleurs du paysage


Nous quittons cet envoûtant univers circulaire par une légère combe nous ramenant progressivement vers les hauts.


     La montagne s'éclaire entre deux grandes zones grisâtres


     La grande lumière n'ose pas effleurer les silhouettes gelées des conifères ...


     ... qui deviennent des spectateurs aux premières loges d'un ciel en lutte pour plus de clarté


                         C'est une combe envoûtante qui mène vers l'inconnu


  La pente est raide mais elle donne de la hauteur, et l'on retrouve l'océan de brume dans la grande plaine


Le froid s’intensifie, le vent forcit, il est temps de repartir vers un couvert forestier plus protecteur.


     Un piquetage menant tout droit vers ... le bonheur


     Escarpements, corniches de neige, et trou de lumière en plein ciel


     Une zone forestière avec des milieux ouverts à végétation basse dissimulée dans la poudreuse
    

L’épaisseur de la neige emmitoufle la moindre présence végétale, et pourtant des petits pins courbés au sol par le poids du manteau neigeux parviennent malgré tout à afficher l’extrémité de leurs rameaux.

Sur un de ces pins, des bouquets d’aiguille semblent être sectionnés laissant quelques débris verts sur la poudreuse.


     Un indice de repas ?


Juste à côté une piste part en zigzag, puis une deuxième dans une autre direction. Tous les pins aux alentours présentent alors des aiguillées aux extrémités coupées.


     Aiguilles de pins, un des rares repas possibles au coeur de l'hiver


Nous ne sommes plus les seuls sur ce territoire laissé en libre évolution, un milieu qui renaît, et des animaux qui reviennent, tout redevient perceptible.

C’est l’exaltation la plus totale dans nos têtes, je fustige le bruit de mes raquettes qui crissent à chaque pas sur la neige, je m’arrête, je m’immobilise pour écouter le grand silence cotonneux, et je regarde à nouveau le sol, fasciné par cette profusion de traces. Dans cet environnement forestier clairiéré croulant sous une neige épaisse synonyme de grand froid, on retrouve subitement l’expression même de la nature primitive. On se prend à rêver d’un territoire encore plus étendu, où la faune rare se multiplierait encore davantage.


     Le biotope idéal, une forêt naturelle de montagne, de grands espaces inviolés 


     Le bleu foncé du soir s'installe sur les Hautes-Vosges et la magie perdure


Le soleil décline nous offrant une dernière éclaircie lancéolée, incandescente, comme échappée d’un grand feu naturel, alors que la plaine d’Alsace, solitaire, s’illumine au loin de ses mille feux artificiels.

« La quête de la rareté. Tout le monde espère voir une plante ou un animal rare lors de ses sorties. Pourquoi cette quête du "scoop"? Cette envie ne comble-t-elle pas un vide dans nos vies ? Ne faudrait-il pas commencer par apprécier ce que nous voyons là où nous sommes et chercher le bonheur en nous-mêmes ? » (Jean-Christophe Dourdy. La Salamandre n°189 courrier des lecteurs. déc-janv 2009). 





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